La confrontation des opinions : peut-on ou doit-on l'éviter ?
Une personne peut bien essayer de vivre toute sa vie sans jamais froisser les autres en évitant de confronter ses opinions aux leurs, en gardant sa langue dans sa bouche lorsqu'elle sent que ses opinions sont de nature à agacer ses interlocuteurs. Mais, quoi qu'elle fasse, elle ne peut se prémunir contre cet agacement des autres qui peut en vérité être suscité par tout et n'importe quoi. Le simple fait de ne pas ouvrir sa bouche, de n'émettre aucune opinion est déjà de nature à en chatouiller certains. Ce qui veut dire que même avec la meilleure volonté du monde, on ne saurait l'éviter. Jésus lui-même n'était-il pas le meilleur des hommes de son temps ? Et pourtant on l'a battu, insulté, crucifié. Il ne faut donc pas attendre un miracle qui a peu de chance de se produire, à savoir : vivre sa vie sans jamais agacer, contrarier qui que ce soit.
La parole, comme toutes les autres fonctions du corps, a sa raison d'être. Nous ne devons donc pas avoir peur d'exprimer nos opinions lorsqu'on nous les demande. Et lorsque nul ne nous les demande, nous pouvons là encore les exprimer, lorsque les autres expriment les leurs, nous exposant à leurs points de vue. Pour quelle raison devrais-je être exposé à l'opinion d'autrui et ne pas exposer en retour autrui à mes opinions ? Nous vivons en société, et la société évolue avec nous. Si je suis d'accord avec tel point de vue, je n'ai peut-être pas besoin de le dire. Mais si je ne suis pas d'accord et qu'on essaye de me l'imposer comme allant de soi, je suis en droit de m'y opposer et d'affirmer mes positions qui sont tout autres.
Les points de vue divergents se frottent les uns aux autres, cherchant à dominer, et c'est le rapport de force qui se tisse entre eux qui génère la tendance du moment. La populace pense ainsi plutôt que comme cela, à tel ou tel moment, et les individus (les gens pris individuellement) peuvent être plus ou moins affectés par cela, subir cette pression qui vient du groupe et qui les exhorte - souvent sans le dire expressément - à tendre vers la même direction.
Si la direction que nous sommes invités à suivre nous convient, très bien. Mais si elle ne nous convient pas, si nous estimons que pencher de ce côté est un mal plutôt qu'un bien, n'agirions-nous pas mal en ne nous y opposant pas ? n'accomplirions-nous pas un bien en nous y opposant ? Je ne parle pas ici d'opposition violente mais de confrontation d'idées, du fait de dire haut et fort ce qu'on pense quand ce qu'on pense risque de déplaire à notre interlocuteur ou à de très nombreuses personnes, voire à la majorité des gens.
Ce qui doit animer la personne qui veut bien faire c'est la recherche de la vérité en toute chose. Cette vérité ne peut pas être un caprice du moment, un effet de mode. Elle doit s'ériger sur les lois universelles pour mériter son nom. Les religions ont toujours poussé les gens à rechercher cette vérité d'inspiration universelle, naturelle, divine. Quand nous disons par exemple que l'homme est fait pour la femme et la femme pour l'homme, nous disons une vérité sur le plan de leur sexualité. Dame Nature a en effet doté l'homme d'un sexe saillant et la femme d'un sexe creux, les créant de ce fait complémentaires, afin que l'un et l'autre sachent qu'ils sont faits pour se compléter : le sexe saillant étant fait pour entrer dans le sexe creux. Et nous voyons que ce genre de relation (hétérosexuelle) produit la vie. Les relations homosexuelles (deux hommes ou deux femmes) ne produisent rien, elles sont stériles, car Dame Nature n'a pas conçu la femme pour s'accoupler avec une autre femme, elle n'a pas conçu l'homme pour s'accoupler avec un autre homme. En cela la procréation humaine est à l'image de la Création divine :
- l'homme évoque l'Esprit-Dieu ;
- la femme évoque la Déesse-Matière.
On peut donc, comme je l'ai fait ici en peu de mots, considérer les choses du point de vue des lois naturelles, des lois divines ou universelles, afin de se construire un corpus de connaissances ancrées dans le réel, dans la vérité, et ne pas se bercer des nombreuses illusions de ce monde, comme le font ceux qui prennent leurs vessies pour des lanternes.
L'Initié aux Mystères est ce genre de personne qui cherche à s'établir dans la réalité des choses qui sont, dans la vérité telle qu'elle est dépeinte par Dame Nature, par ses lois, par les lois naturelles, par les lois divines, universelles. Et dans son cas, doit-il ou non dire ce qu'il pense ? Doit-il confronter ses idées à celles des autres, sachant que cette confrontation ne se fera pas sans agacer, irriter plus ou moins ses interlocuteurs, et peut-être même la majorité des gens, si cette majorité est à ce point éloignée de cette vérité universelle, naturelle, divine ? Tout dépend de ce qu'il veut, des buts qu'il poursuit. S'il n'a pas pour objectif d'éclairer la lanterne d'autrui, il n'a aucune raison de parler. S'il n'a pas pour objectif de corriger les erreurs d'autrui, il n'a aucune raison de parler. Les seules choses qui le puissent pousser à ouvrir sa bouche pour dire ce qu'il pense sont donc :
- éclairer la lanterne d'autrui ;
- corriger les erreurs d'autrui.
Qu'est-ce qui peut pousser une telle personne à prendre cette liberté, à aller vers les autres pour les éclairer ou corriger leurs erreurs au lieu de se tenir sagement dans son coin et de ne pas ouvrir sa bouche ? Le Service, au sens spirituel du terme.
En quoi consiste ce Service ? Il consiste, pour un Guerrier de la Lumière, à apporter au monde un peu de la lumière dont il bénéficie lui-même, un peu de la sagesse qu'il a glanée au fil des années. Il a beaucoup reçu ou a reçu un peu, alors il donne à son tour beaucoup ou il donne un peu ; il donne à la mesure de ce qu'il possède ou à la mesure de ce qu'il croit être bon de donner. On entre ici dans ce que le musulman appellerait un "jihad externe ou extérieur".
"Jihad" veut dire "guerre sainte". Le jihad peut être intérieur ou extérieur :
- le jihad intérieur consiste à livrer bataille au-dedans de soi-même pour chasser les ténèbres, les remplacer par la lumière ;
- le jihad extérieur consiste à livrer bataille autour de soi, dans la société et/ou dans le monde afin d'y chasser les ténèbres, de les remplacer par la lumière.
Ce jihad extérieur peut être matériel ou purement spirituel :
- quand il est matériel, il peut s'agir de construire ce qui doit être construit, de détruire ce qui doit être détruit, il peut aussi s'agir de faire la guerre avec des armes, comme a pu le faire en son temps Mahomet, et comme cela apparaît aussi dans la littérature indienne, dans le Mahabharata et dans la Bhagavad-Gita ;
- quand il est purement spirituel, il consiste en l'enseignement théorique et pratique qui est dispensé aux disciples ou aux masses.
On a donc tort de croire que le summum de la sagesse, dans nos échanges avec les autres, réside dans le fait de ne pas contrarier les autres, en aucune façon, avec nos opinions ou notre mode de vie. Le summum de la sagesse ne réside que dans la lumière qui peut habiter la conscience et qui, lorsqu'elle l'habite, lui inspire telle attitude et telle prise de position, telles paroles.
En confrontant ses opinions éclairées à celles d'autrui, qui le sont moins, le Guerrier de la Lumière œuvre au bien commun : il freine le mal qui cherche à s'étendre sein de l'homme et de sa société, il en réduit la force et il peut même l'anéantir, parvenir à "sceller", comme le disait le Maître Djwal-Khul à travers Alice Ann Bailey, "la porte de la demeure du mal" [La Grande Invocation].
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